jeudi 20 septembre 2012

Une histoire de princesse


Une petite princesse dans son château, étendue sur son lit, pleure de légères larmes dorées. Son chagrin, il lui vient de son coeur, tout émietté. La petite avait perdu son soulier, le rose avec une boucle, celui qu'elle aimait tant, offert il y a deux ans par sa grand-mère maintenant décédée. Le genre de grand-mère qui écoutait beaucoup, aimait encore plus, et qui souriait dedans ses yeux. La petite pleurait donc doucement, au creux de son lit, comme un chaton que l'on tient dans le creux d'une main. Émilie, sa copine plus que sa servante, toca leur rituel code secret à la porte, sans entendre de réponse. Ce n'est qu'après sa troisième tentative qu'elle comprit l'appel de la solitude qui grandissait de l'autre côté de cette porte. Elle s'éloigna, déçue et déjà nostalgique des années de complicités qui partaient au vent. Derrière elle, la fragile pleurait toujours, se maudissant d'être si vulnérable, si faible. Elle tentait comme elle le pouvait de ravaler ses larmes, sans succès, en se promettant que ce serait-là ses dernières larmes de faiblesse. Ce n'est que très tard dans la nuit qu'elle trouva le sommeil, épuisée d'avoir tant combattu sa peine.

À son réveil, alors que le soleil était déjà bien haut dans le ciel, elle entendit des pas dans le couloir. Elle ferma les yeux, oublia son petit soulier, le rose avec une boucle, oublia la nuit, oublia les larmes, et sorti de son lit, la tête haute, le regard loin, très loin, perdu dans un univers de grandes personnes, laissant derrière rires et naïveté. Elle tourna la poigné, ordonna qu'on s'occupe de sa chambre, à Émilie, sa servante plus que sa copine. Émilie acquiesça sans broncher, l'appela ma dame, et bien plus tard alors que la princesse fut assez loin, soupira de tristesse, la mine basse et désolée.

Notre princesse continua d'oublier, continua d'ordonner, et se perdu peu à peu dans un univers qui n'était pas le sien, dans sa tête qui étouffait son coeur. Les années passèrent, sans qu'elle ne verse une seule autre larme, fidèle à sa promesse. Elle ne pleura ni de peine, ni de joie, ni de fatigue, toujours le même regard perdu, toujours bien trop loin pour elle.

Ni de larme à ses fiançailles, ni de larme à son mariage, ni de larme pour ses enfants, ni de larmes lors de la perte de ses parents... plus jamais de perle dorées dans le fond des yeux.

Plus tard, lorsque les rides, la fatigue et la frigidité remplirent les traits de son visage, lorsque ses enfants malheureux de ne pas connaître l'amour d'une mère s'exilèrent au loin, lorsque son mari mourut de chagrin d'avoir marié un visage de porcelaine et d'avoir perdu ses enfants, lorsque ce jour arriva enfin, un oiseau se posa à sa fenêtre, la tête penché sur le côté, interrogeant du regard la princesse devenu reine. La reine le fixa, sans émotion, et le suivi du regard lorsqu'il entra dans la pièce en volant. Il se posa sur le sol non loin d'elle, près de la commode de sa chambre. La reine, pour une raison inconnue, s'avança vers l'oiseau, et se pencha pour regarder sous la commode. Ce n'est que ce jour, à la vue de son soulier, vous savez le rose avec une boucle, qu'elle se permit de verser une larme, longue comme sa vie, rempli d'un vécu jusqu'alors refoulé. On la retrouva plus tard, assise dans sa chaise, se berçant machinalement, le regard loin derrière, le soulier bien protégé contre son coeur, sans mots à ses lèvres, une seule et unique émotion dans le fond des yeux : le regret.

C'était juste une petite histoire comme ça, pour le fun, écrit il y a 5 ans. Je trouvais les images cutes dans ma tête, alors j'ai décidé de l'écrire, tout simplement. Juste comme ça ! Et aujourd'hui, je la republie, parce que je trouve les images cutes dans ma tête. Juste comme ça !

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