Une petite princesse dans son château, étendue sur son lit,
pleure de légères larmes dorées. Son chagrin, il lui vient de son coeur, tout
émietté. La petite avait perdu son soulier, le rose avec une boucle, celui
qu'elle aimait tant, offert il y a deux ans par sa grand-mère maintenant
décédée. Le genre de grand-mère qui écoutait beaucoup, aimait encore plus, et
qui souriait dedans ses yeux. La petite pleurait donc doucement, au creux de
son lit, comme un chaton que l'on tient dans le creux d'une main. Émilie, sa
copine plus que sa servante, toca leur rituel code secret à la porte, sans
entendre de réponse. Ce n'est qu'après sa troisième tentative qu'elle comprit
l'appel de la solitude qui grandissait de l'autre côté de cette porte. Elle
s'éloigna, déçue et déjà nostalgique des années de complicités qui partaient au
vent. Derrière elle, la fragile pleurait toujours, se maudissant d'être si
vulnérable, si faible. Elle tentait comme elle le pouvait de ravaler ses
larmes, sans succès, en se promettant que ce serait-là ses dernières larmes de
faiblesse. Ce n'est que très tard dans la nuit qu'elle trouva le sommeil,
épuisée d'avoir tant combattu sa peine.
À son réveil, alors que le soleil était déjà bien haut dans
le ciel, elle entendit des pas dans le couloir. Elle ferma les yeux, oublia son
petit soulier, le rose avec une boucle, oublia la nuit, oublia les larmes, et
sorti de son lit, la tête haute, le regard loin, très loin, perdu dans un
univers de grandes personnes, laissant derrière rires et naïveté. Elle tourna
la poigné, ordonna qu'on s'occupe de sa chambre, à Émilie, sa servante plus que
sa copine. Émilie acquiesça sans broncher, l'appela ma dame, et bien plus tard
alors que la princesse fut assez loin, soupira de tristesse, la mine basse et
désolée.
Notre princesse continua d'oublier, continua d'ordonner, et se
perdu peu à peu dans un univers qui n'était pas le sien, dans sa tête qui
étouffait son coeur. Les années passèrent, sans qu'elle ne verse une seule
autre larme, fidèle à sa promesse. Elle ne pleura ni de peine, ni de joie, ni
de fatigue, toujours le même regard perdu, toujours bien trop loin pour elle.
Ni de larme à ses fiançailles, ni de larme à son mariage, ni de
larme pour ses enfants, ni de larmes lors de la perte de ses parents... plus
jamais de perle dorées dans le fond des yeux.
Plus tard, lorsque les rides, la fatigue et la frigidité
remplirent les traits de son visage, lorsque ses enfants malheureux de ne pas
connaître l'amour d'une mère s'exilèrent au loin, lorsque son mari mourut de
chagrin d'avoir marié un visage de porcelaine et d'avoir perdu ses enfants,
lorsque ce jour arriva enfin, un oiseau se posa à sa fenêtre, la tête penché
sur le côté, interrogeant du regard la princesse devenu reine. La reine le
fixa, sans émotion, et le suivi du regard lorsqu'il entra dans la pièce en
volant. Il se posa sur le sol non loin d'elle, près de la commode de sa
chambre. La reine, pour une raison inconnue, s'avança vers l'oiseau, et se
pencha pour regarder sous la commode. Ce n'est que ce jour, à la vue de son
soulier, vous savez le rose avec une boucle, qu'elle se permit de verser une
larme, longue comme sa vie, rempli d'un vécu jusqu'alors refoulé. On la
retrouva plus tard, assise dans sa chaise, se berçant machinalement, le regard
loin derrière, le soulier bien protégé contre son coeur, sans mots à ses
lèvres, une seule et unique émotion dans le fond des yeux : le regret.
C'était juste une petite histoire comme ça, pour le fun, écrit il y a 5 ans. Je
trouvais les images cutes dans ma tête, alors j'ai décidé de l'écrire,
tout simplement. Juste comme ça ! Et aujourd'hui, je la republie, parce que je trouve les images cutes dans ma tête. Juste comme ça !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire