mardi 15 juin 2010

Fantôme de souvenir.

Mes larmes blanchissaient mes joues salies par ma lutte. Je courrais depuis des kilomètres, avalant les heures, ou alors c'était depuis des heures en avalant les kilomètres. Sans trop savoir, je courrais, appeurée, épouvantée. Je ne savais pas par quoi, je ne savais pas de quoi, mais j'avais peur. L'angoisse ralentissait chacun de mes pas, alourdissait chacun de mes sauts qui devenaient de plus en plus dur à lancer, de plus en plus difficile à encaisser. J'heurtais les feuilles à mon passage, les branches me déchiraient pendant ma course, mais je ne m'en faisais pas pour ça, on était quitte, les arbres et moi. Je courrais en direction du soleil, sans savoir pourquoi, son éclat m'aveuglant sans pour autant calmer mes visions d'horreurs. Tout était si blanc, si immaculé, ce qui contrastait durement à mes sentiments d'obscurité, de solitude et d'inconnu. Je sentais derrière moi l'angloutissement qui me guettait, la nuit gagnant de plus en plus d'espace au détriment du jour. J'ai voulu crier, je le jure, mais lorsque je tentai la chose, je sentis deux mains osseuses s'emparer de ma gorge pour en retenir les mots. Tout ce qui tomba de mes lèvres fut ce goût amer, ce goût métallique et l'impression d'avoir cent milles pièces de fer qui s'entassaient dans ma bouche. J'avais beau cracher, l'obstruction augmentait, au même rythme que mon angoisse. Le souffle court, le souffle rapide, précipité, beaucoup trop petit et si peu rafraichissant, avait peine à se rendre à mes poumons. Je pleurais, je courais, je crachais et je soufflais, suffoquant à mes angoisses, à cette vision. Au détour d'un arbre géant, nos regards se croisèrent, annonçant la fin de cette course précipitée, cette course palpitée. Je te voyais sans te reconnaître, sachant toutefois que c'était toi. Aucune caractéristiques, presqu'une ombre pour ma mémoire. Mais je le savais. Quelques flash, quelques impressions, le sentiment d'un amour profond, plus profond que ce que j'ai pu ressentir jusqu'alors. Rassurée, je fermis les yeux, tombai à genoux, et mon coeur faillit à sa tâche. Je sentis ta main dans mes cheveux. Je m'endormis.
Je m'endormis pour ensuite me réveiller, dans mon lit, sans toi, sans rien, dans une vie vide de tout, vide de toi. Je pleurai longtemps, sans pouvoir me l'expliquer, avant de me lever pour entâmer une nouvelle journée.

J'ai tenté de décrire le rêve que j'ai fait cette nuit, sans arriver toutefois à composer une description parfaite. Je crois malgré tout avoir réussi à bien traduire l'émotion qui m'accabla au court de cette nuit, ainsi que celle qui m'immergea à mon réveil. Je n'arrivais pas à m'expliquer ces pleurs, purgeant une peine qui était jusqu'ici bien enfouit, il me semble.

mercredi 9 juin 2010

Control.

« Well, I guess I woke up and realized my life change. I decided to kick back and accept the fact I couldn't control everything. » - C.K., Smallville saison 1

lundi 7 juin 2010

Le mystère VS le savoir

« Rien n'est plus rassurant qu'une enigme : c'est un problème en attente provisoire de sa solution. Rien de plus angoissant qu'un mystère : c'est un problème définitivement sans solution. Il donne à penser, à imaginer... Or, je ne veux pas penser. Je veux connaître, savoir. Le reste ne m'intéresse pas. » - L'évangile selon Pilate, p.214
Je ne sais pas si j'aimerais ça savoir, toujours, en permanence.
Il y a des choses que je préfère ne pas connaître,
des jours où je préfère l'inconscience, l'insouscience, la légèreté de l'être.
N'est-ce justement pas ces jours où nous sommes nous-mêmes plus légers, plus libres, plus ouverts ?
[Parenthèse express : je me suis faite peter ma voiture l'autre nuit, TRÈS probablement par le connard violent qui gueulait l'autre soir. Je préfère justement ne pas savoir pour SUR que c'est lui, parce que je serais encore plus frustrée et que ces sentiments m'empoisonneraient la vie. Apprendre à laisser aller. Je préfère qu'il ait tappé ma voiture que la dame, de toute façon. Souhaitons que la vie lui face justice, puisque la justice ne peut pas s'en charger elle-même, ce coup-ci.]

samedi 5 juin 2010

Une question de détails.

Avant d'appeler la police, j'ai enfilé un jeans.
C'est la première chose qui m'est venue en tête quand je cherchais un plan d'intervention de crise. C'est que yavait un mec qui criait des ordures à sa blonde, la menaçant de la frapper. Je me suis sentie interpellée, en tant de sexologue, en tant que citoyenne, mais surtout en tant que marie tout court.
Je courais en rond dans mon appartement, en me demandant ce que je devais faire, devant également composer avec l'adrénaline, le stress et ces veines qui voulaient m'éclater de partout à force de pomper du sang vitesse exagéré pour une fille pas en forme. En fait, courir donne une trop belle image de cette scène. En réalité, je sautillais, barbottais, frétillais, le tout en petite culotte, offrant un bien beau spectacle aux voisins de l'autre côté du chemin de fer (ceux avec les jumelles et le téléscope). Je me suis arrêtée d'un coup, décidée à enfiler un jeans, ce qui enclancheait la première étape de mon plan : me vêtir. L'étape ne s'arrêtait pas ici, puisque j'ai eu une soudaine envie de vêtir mes pieds avec mes vieux running shoes, les bruns avec la semelle défoncée que j'utilise quand je vais faire du cheval. Je crois que ce réflexe m'est venu parce que je ne me sentais pas assez intimidante, nue pied : ça me prenait définitivement des souliers pour appeler la police, c'était un truc qui me donnerait du pouvoir, de la contenance, de la crédibilité.
Après, c'était une suite de détails à retenir (description physique, vêtements, description du véhicule, retenir l'image de la bière qu'il tenait, retenir aussi l'immatriculation... Clairement une de mes forces, han.), les phrases qu'ils lui criaient, les menaces à rattraper aux vents, le chat à rattraper tout court ainsi que le choix d'une arme contondante en cas de défense (epic fail ici, j'ai choisi le truc sur lequel mon chat pourrait faire ses griffes s'il en avait. C'est complètement innofentif et difficilement manipulable. Grotesque.) C'est con, ça m'a pris beaucoup trop de seconde me rendre compte de l'absurdité de ce choix, allant même jusqu'à peser la dite arme. Ridicule. Je l'ai lâché en étouffant un rire nerveux.
Et après, on fait quoi, sérieusement ? Tu dis quoi quand t'es parée à accomplir ton devoir de citoyenne, devant un mec d'une quarantaine d'année avec des tatoos, un pinch et qui sacre aux trois mots ? Moi, j'ai laissé faire les mots et je suis retournée à la base de notre communication : les cris. Ça m'est venu tout seul, aucune possibilité de le retenir, un gros et grand HEYYYYYYYYYYYYYY!!!!! sorti du plus loin de mes poumons, suite à quoi il y a eu le silence le plus silencieux de l'espace (tout est silencieux dans l'espace, tu comprends).
Je ne savais plus quoi dire. J'étais moi-même sous le choc de ma propre intervention, j'étais auto-intimidée (sûrement à cause de mes souliers). S'en est suivi de la question la plus niaiseuse qu'il m'ait été donnée de prononcée :
Marie : Es-ce que tu t'en vas, ou j'appelle la police ?
H violent : Je m'en vais pis toé tu vas fermer ta criss de yeule !
Marie : (COLÈRE INTÉRIEURE CONTENUE qui me donne l'envie de crier en battant des poings sur son chest, comme dans les animés) OKAY, t'as 1 minute pour sacrer ton camp!, que je lui dis, cachée derrière ma fenêtre.
Après, j'ai communiqué avec les agents de la paix du coin, j'ai tout débalé les informations pour finalement me mettre à pleurer en chialant que j'avais peur.
Je suis ridicule quand je me mets dans l'action, mais j'ai plein de bonnes intentions maladroitement dessinée.
Avant d'appeler la police, j'ai enfilé un jeans.
Le jeans, c'était pour la forme, pour la contenance.
Le jeans, c'était aussi dans le cas où j'aurais à ouvrir ma porte à la police.
Une fille aime se sentir préparée face à un mec en uniforme.

Des phrases sans conversation

[2e conversation typique entre P et M.
P : J'ai écouté un film hier. Dedans ya le gars qui joue dans le film avec les policiers, tsé que je t'avais parlé ?
M : C'est tu l'acteur qui fait un peintre dans le film que j'aime ?
P : Ah je sais pas. Peut-être.
M : Parce que yétait ben bon lui.]

Des mots, des phrases.

[Conversation typique entre P et M.
P : Hey tu sais tu c'était qui dans le film ?
M : Non, je sais pas.
P : Ah. Moi je pense que je sais c'est qui.]

vendredi 4 juin 2010

Séduction, quand on te perd.

J'ai l'impression que l'art de la séduction se perd de plus en plus.
Pas étonnant avec le rythme que la vie prend de nos jours, mais quand j'observe (ou entend) ça, ça me décourage.
Des exemples ?
« J'pense que t'as pas encore eu la chance qu'on me présente. »
« T'es sûre que tu veux partir, avec un beau gars comme moi dans le coin ! »
« Toi pis ta chum seriez pas masseuses par hasard ? J'ai un appart pas loin. »
« S'cuse moi, j'peux pas m'empêcher de vouloir te pogner l'cul. »
J'vous le dis, la séduction a perdu son charme, et rendu-là, il lui reste plus grand chose, tsé.
On est dans la merde je vous dis.
Et encore, si ce n'était que l'approche qui était à retravaillée...
C'est qu'aujourd'hui, avec l'ère où les femmes prennent leur pouvoir et leur place, (ce qui est GÉNIAL pour plusieurs points, soit dit en passant) elles veulent maintenant être séductrices à leur tour. Ne plus être la proie du chasseur, mais devenir chasseuse. Ne plus être passive, mais agressive. Dans le théorique, ça peut sembler être une belle avancée, une belle ouverture.
Et concrètement, il se passe quoi ? On est venu bousiller le karma de la séduction, détruire les points de repères, la chimie, la physiologie de la séduction qui, je le souligne, se portait très bien jusqu'à ce changement.
Avant, on avait droit à de la simplicité et des résultats. Dans un contexte hétérosexuel (j'ai pas pris le temps d'analyser au niveau homosexuel), le mec cruisait, la fille acceptait ou pas, c'était réglé, on ne niaisait pas avec le puck. Oui, c'est stéréotypés et ça impose un certain cadre, parfois limitatif, mais fuck, au moins on savait comment s'y prendre et ça marchait. Maintenant, les hommes laissent la place aux femmes qui revendiquent vouloir faire les premiers pas. Jusqu'ici, très beau papier, très gentleman, on aime. Mais quand la femme sait pas comment utiliser son pouvoir, que le gars attend le move de la femme et ne veut pas se risquer à le faire pour ne pas brusquer la femme, et que la femme, malgré tout, rêve secrètement (je dis secrètement parce que c'est pas très in) d'un homme romantique qui ferait les premiers pas, alors là, allô le beau portrait. Personne se parle, tout le monde se matte et on retourne chez soi frustré et, surtout, seul. Désolant. Et ça empire, avec l'accent sur la psychologie, sur le sentiment des gens, sur le « comment envisages-tu les choses?», sur les questions, les interrogations, les analyses, les suppositions, les décortications qui ne finissent plus, ben justement, ça finit plus pis il n'y a rien qui avance. On passe tellement de temps dans la préparation, que tout le monde se perd, qu'on a plus envie de rien, qu'on ne sait plus si on avait déjà eu envie de quelque chose, vraiment, ou si c'était un truc de refoulement, de projection, de psychanalystes.
Pourquoi on suit pas juste nos feelings, nos tripes, pour foncer en se disant qu'on a rien à perdre et tout à gagner ? Pourquoi cette chienne au ventre ? Pourquoi cette retenue ?

mardi 1 juin 2010

The one with Victoria's secret

«Je suis et je ne suis pas Victoria. Je le suis, parce que j'écris avec mes tripes, au gré de mes émotions, de mes expériences, de mes désirs, de mon plaisir. Et je ne le suis pas, parce que Victoria finit par être un personnage qui m'échappe, qui possède une vie propre. » - Victoria Welby

Lu dans un magazine.
Ça raisonnait pas mal dans ma tête, parce que tout ça me rejoignait beaucoup.
J'ai souvent eu l'impression d'être et de ne pas être Marie. Je le suis parce que je vis avec mes tripes, je réagis avec émotion, ou même, j'incarne mes émotions, j'encaisse mes expériences, j'absorbe mes désirs, je déguste mes plaisirs et je me languis de regoûter à tout ça, salivant d'intensité. Et je ne le suis pas, parce que Marie finit par être un personnage qui m'échappe, comme si la banalité du quotidien finissait par m'engloutir en ne me laissant qu'une image d'une Marie, le soleil au visage et le cœur dans ses tripes qui la fait bouger, courir, sourire, crier. Une Marie qui possède sa propre vie, qui me reste en mémoire alors que moi je fais face à ce quotidien, n'étant moi-même que l'ombre de mon propre personnage. Et je me demande, à la fin de la journée, si tout ça c'était moi, si c'est vraiment ça, vivre. Quand on parle d'incarner sa vie, j'ai souvent l'impression de passer à côté de la track et de plutôt incarner un rôle. Ya que mes jours de liberté que je déguste et qui me réconcilie avec moi-même.