Avant d'appeler la police, j'ai enfilé un jeans.
C'est la première chose qui m'est venue en tête quand je cherchais un plan d'intervention de crise. C'est que yavait un mec qui criait des ordures à sa blonde, la menaçant de la frapper. Je me suis sentie interpellée, en tant de sexologue, en tant que citoyenne, mais surtout en tant que marie tout court.
Je courais en rond dans mon appartement, en me demandant ce que je devais faire, devant également composer avec l'adrénaline, le stress et ces veines qui voulaient m'éclater de partout à force de pomper du sang vitesse exagéré pour une fille pas en forme. En fait, courir donne une trop belle image de cette scène. En réalité, je sautillais, barbottais, frétillais, le tout en petite culotte, offrant un bien beau spectacle aux voisins de l'autre côté du chemin de fer (ceux avec les jumelles et le téléscope). Je me suis arrêtée d'un coup, décidée à enfiler un jeans, ce qui enclancheait la première étape de mon plan : me vêtir. L'étape ne s'arrêtait pas ici, puisque j'ai eu une soudaine envie de vêtir mes pieds avec mes vieux running shoes, les bruns avec la semelle défoncée que j'utilise quand je vais faire du cheval. Je crois que ce réflexe m'est venu parce que je ne me sentais pas assez intimidante, nue pied : ça me prenait définitivement des souliers pour appeler la police, c'était un truc qui me donnerait du pouvoir, de la contenance, de la crédibilité.
Après, c'était une suite de détails à retenir (description physique, vêtements, description du véhicule, retenir l'image de la bière qu'il tenait, retenir aussi l'immatriculation... Clairement une de mes forces, han.), les phrases qu'ils lui criaient, les menaces à rattraper aux vents, le chat à rattraper tout court ainsi que le choix d'une arme contondante en cas de défense (epic fail ici, j'ai choisi le truc sur lequel mon chat pourrait faire ses griffes s'il en avait. C'est complètement innofentif et difficilement manipulable. Grotesque.) C'est con, ça m'a pris beaucoup trop de seconde me rendre compte de l'absurdité de ce choix, allant même jusqu'à peser la dite arme. Ridicule. Je l'ai lâché en étouffant un rire nerveux.
Et après, on fait quoi, sérieusement ? Tu dis quoi quand t'es parée à accomplir ton devoir de citoyenne, devant un mec d'une quarantaine d'année avec des tatoos, un pinch et qui sacre aux trois mots ? Moi, j'ai laissé faire les mots et je suis retournée à la base de notre communication : les cris. Ça m'est venu tout seul, aucune possibilité de le retenir, un gros et grand HEYYYYYYYYYYYYYY!!!!! sorti du plus loin de mes poumons, suite à quoi il y a eu le silence le plus silencieux de l'espace (tout est silencieux dans l'espace, tu comprends).
Je ne savais plus quoi dire. J'étais moi-même sous le choc de ma propre intervention, j'étais auto-intimidée (sûrement à cause de mes souliers). S'en est suivi de la question la plus niaiseuse qu'il m'ait été donnée de prononcée :
Marie : Es-ce que tu t'en vas, ou j'appelle la police ?
H violent : Je m'en vais pis toé tu vas fermer ta criss de yeule !
Marie : (COLÈRE INTÉRIEURE CONTENUE qui me donne l'envie de crier en battant des poings sur son chest, comme dans les animés) OKAY, t'as 1 minute pour sacrer ton camp!, que je lui dis, cachée derrière ma fenêtre.
Après, j'ai communiqué avec les agents de la paix du coin, j'ai tout débalé les informations pour finalement me mettre à pleurer en chialant que j'avais peur.
Je suis ridicule quand je me mets dans l'action, mais j'ai plein de bonnes intentions maladroitement dessinée.
Avant d'appeler la police, j'ai enfilé un jeans.
Le jeans, c'était pour la forme, pour la contenance.
Le jeans, c'était aussi dans le cas où j'aurais à ouvrir ma porte à la police.
Une fille aime se sentir préparée face à un mec en uniforme.
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